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La révolution tranquille

La période est anniversaire. Il y a 50 ans commençait la « révolution tranquille ».

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Le slogan associé à la révolution tranquille

Pour vous donner une occasion de briller en société, voici ce que j’en ai compris avec mon inculture française. Pour parfaire vos connaissances, je vous recommande l’excellente série audio de Radio Canada.

Avant de raconter les événements, il faudrait un peu contextualiser -que les québecois corrigent mes erreurs et/ou maladresses-. Depuis le XVIIIème siècle, le Québec vit sous domination anglaise. Domination juridique, économique et linguistique. Au milieu du XIXème siècle, l’église catholique a encouragé la « revanche des berceaux » : de 70.000 à la fin du XVIIIème siècle, la population québecoise passe à 500.000 en 1840. Les familles de plus de dix enfants ne sont pas rares alors.

Grand saut dans le temps : à la fin de la seconde guerre mondiale, les grandes entreprises sont aux mains des anglophones ou des américains, le salaire moyen des québecois est en moyenne inférieur de 30% à celui des autres provinces. Maurice Duplessis, s’appuyant sur le clergé, les élites locales et le monde rural dirige le pays depuis 1944 au sein du gouvernement formé par l’Union Nationale. Il s’agit d’un gouvernement conservateur et nombre de québecois ont le sentiment que le développement économique qui caractérise les années 50 passe à côté d’eux. c’est la période qu’on entend parfois nommer « la grande noirceur » -un de mes collègues prépare une thèse qui vise à montrer que le récit de la « grande noirceur » fonctionne comme un mythe-. Le 1er septembre 1959, alors qu’il est en déplacement, Maurice Duplessis est victime d’une attaque cérébrale. Il meurt le 7 septembre. Le climat politique est celui d’une fin de règne, marqué par la corruption électorale. funerailles_duplessis_1959

Lui succède alors Paul Sauvé, qui affirme que « désormais » (et c’est le mot qui marquera son ministère) les choses vont changer. Mais il meurt brusquement le 2 janvier 1960. Il est resté 100 jours au pouvoir.

Six mois plus tard, l’Union Nationale perd les élections au profit du parti Libéral de Jean Lesage. Même si elle est déjà en mouvement, la révolution tranquille prend toute son ampleur avec le gouvernement de Lesage élu sur le slogan « c’est le temps que çà change ». Il s’entoure d’une équipe « du tonenerre » composée de fortes personnalités .A partir du 22 juin 1960 les réformes vont s’enchaîner à un rythme soutenu. La société, centrée sur la famille et sous l’emprise du clergé , va se transformer en profondeur : laïcisation de l’enseignement, création d’un ministère de l’éducation (qui n’existait pas jusque là).

Claire Kirkland-Casgrain, première femme députée du Québec, première femme ministre en 1962.

Claire Kirkland-Casgrain, première femme députée du Québec, première femme ministre en 1962.

On assiste aussi à une radicale transformation du statut de la femme qui acquiert en 1965 l’autonomie financière, l’autonomie juridique, l’autorité parentale et le droit de quitter le domicile conjugal si elle se sent en danger. Le droit à la santé est établi en 1961 avec la création de l’assurance maladie. En 1963, l’âge du droit de vote passe de 21 à 18 ans. En 1964, le droit de grève est reconnu. En 1969, c’est le droit à l’avortement.

Du côté de l’économie, les compagnies d’électricité, pour l’essentiel aux mains des américains et des canadiens anglophones, sont nationalisées et fusionnées au sein d’Hydro Québec (fondée en 1944) qui détient maintenant le monopole de la production et de la distribution de l’électricité. Cette période est aussi celle de l’expansion foncière : les québecois deviennent massivement propriétaires de leur logement.

Le sentiment d’un encerclement linguistique est fort et le français est imposé comme langue technique et commerciale à Hydro Québec. La question linguistique est très sensible ici et j’aurai l’occasion de rédiger un billet spécial concernant ce sujet.

La venue à Québec en 1964 d’ Elisabeth II, souveraine du Canada, provoque des manifestations sur les plaines d’Abrahan qui seront violemment réprimées.(lien vers le reportage  de  British Pathé. C’est en anglais et les manifestations sont minorées) La même année voit la naissance du FLQ dont les pratiques inspirées de la guerilla urbaine (bombes, enlèvements) conduiront de nombreux membres et partisans en prison.

Et, en 1967, pour sa visite au Canada, le général de Gaulle arrive par la mer pour passer par le Québec avant de se rendre à Otawa, la capitale fédérale. A Montréal, il prononce son fameux discours qui s’achève par « vive le Québec libre ». Et je crois de moins en moins qu’il s’agit d’un débordement d’enthousiasme. J’y vois plutôt un geste politique fort et délibéré à défaut d’avoir été prémédité.

La période des grandes réformes s’essouffle à la fin des années 60. En raison notamment du coût financier qu’elles représentent. Cependant, la société québecoise a parcouru un chemin de libéralisation et de laïcisation qu’elle ne peut plus rebrousser. Cette période est essentiellement marquée par un effort considérable concernant l’éducation et le système scolaire ainsi qu’un développement culturel impressionnant, la nationalisation de l’énergie, et la reconnaissance de nouveaux droits sociaux.

Avec çà, vous devriez avoir l’air très savant, maintenant…un peu plus tard, je parlerai des femmes de ce pays. On  parle de société matriarcale, à voir…

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