Avec un titre pareil, il était plus que probable que je me précipite voir cette exposition qui a commencé il y a peu au Musée de la Civilisation. Et je n’ai pas été déçue !
Le Musée de la Civilisation abrite, entre autre, une importante collection d’artefacts ethnographiques. Cette exposition est une occasion de montrer une partie des objets issus des réserves. Dit comme çà, çà ne donne pas trop envie d’y aller sauf si on est muséologue. Le malin de l’histoire, très malin et pertinent, a été de se dire que tous les objets étaient concernés par cette histoire de péches capitaux. Et le conte est un genre que l’on retrouve dans toutes les sociétés. Le Musée a donc choisi de confier à sept conteurs québécois la mission d’imaginer un récit s’inspirant de l’un des sept péchés (j’ai piqué la phrase au dossier de presse, je ne trouvais rien de mieux à dire). Ils ont parcouru les réserves à la recherche des objets qui allaient accompagner l’histoire qu’ils allaient raconter. Ainsi, nous avons 7 péchés, 7 conteurs, et pas mal d’objets présentés d’une façon très spectaculaire -dans tous les sens du mot-.
A l’entrée, on nous remet un audioguide. Je ne suis pas fan de ces dispositifs techniques qui isolent chacun dans son expérience. Mais on ne peut faire autrement. Et puis on entre dans un espace sombre où derrière un voile noir se trouve une sorte de brocante : une table de ferme, un banc de bois, des plats, des objets de luxe comme du quotidien. Et quand on s’approche, dans nos oreilles parvient une histoire d’ogresse. Le premier péché de la journée est la gourmandise.
Dans un coin de l’espace clôt de voiles noirs, la conteuse est là, en image comme flottant dans un coin de la maison de l’ogresse. Elle et nous sommes les témoins de l’histoire. Comme mise en bouche, j’ai trouvé çà plutôt bien. Peut-être un peu déçue qu’une sorte de rédemption de l’ogresse en happy end ne colle pas trop avec l’idée de l’ogresse. Mais, bon, ici chacun-e doit avoir sa chance, à moins que ce soit l’époque qui veuille çà…
Et l’on se promène ainsi de péché en péché, de conte en conte, de spectacle en spectacle. Pour tous les incultes religieux que je connais je rappelle lesdits péchés : la gourmandise, l’envie, l’orgueil, la colère, la paresse, l’avarice et la luxure… Pour les contes, j’ai vraiment bien aimé l’orgueil. Il y avait un suspens haletant, et la chute était très drôle. J’ai beaucoup aimé l’avarice pour la façon dont Anne-Marie Ollivier racontait l’histoire. Et puis, c’est toujours sympa quand un petit renverse un plus grand. Pour l’articulation récit/scénographie, j’ai bien aimé l’envie et la paresse. Mon objet de curiosité a été la glacière de la colère. Le récit le plus mystérieux et onirique était celui que Michel Faubert nous a dit pour la luxure. La palme d’or, à mes yeux, de la scénographie revient à…la luxure ! Encore une fois. Pas tant à cause de l’illustration du sujet, je vous vois venir, que justement l’évocation et le jeu de lumière et de miroir dans une coiffeuse art déco qui était réellement envoûtant. Vous l’avez compris, côté mise en scène, j’ai à peu près tout aimé. Mais, me direz-vous, tous ces objets pris dans les réserves et utilisés à des fins de délectation, comment parlaient-ils eux-mêmes ? Je suis bien d’accord. Au bout de quelques temps, j’ai commencé à me demander d’où venait telle table, à quoi servait ce bout de bois dans un coin, et j’ai craint que l’exposition se contente de nous raconter des histoires sans plus nous en dire…Eh bien, encore plus fort, des écrans tactiles devant lesquels on peut s’asseoir confortablement -c’est vrai quoi, messieurs-dames les scénographes français, on n’est pas obligés de se cultiver dans la douleur- donnaient toutes les informations suffisantes pour le grand public (1m75 en ce qui me concerne, je sais c’est une blague à deux balles).
Vous l’avez compris, je suis sortie de là enchantée. L’expo dure jusqu’en 2011. Donc si vous passez par Québec d’ici là, ne ratez pas l’occasion de passer un très bon moment. Et comme je suis sympa, le vous donne le lien vers le site de l’expo. Un petit apéritif pour vous donner envie, en somme.
image : Musée de la Civilisation, Québec
Wysiwyg à Québec 