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Considérations à propos de tout et de rien

Place d'Youville à quatre heures de l'après-midi

Être en première année de doctorat à Laval implique une somme assez considérable de boulot. Je n’ai pas beaucoup de temps pour faire autre chose. Ajoutez à cela que nous allons clairement (sombrement devrais-je dire) vers l’hiver et que même si la neige n’est pas encore là, la nuit tombe à quatre heures. Ce n’est rien  la nuit va bientôt tomber à trois heures. Et j’atteins les limites de mon téléphone appareil photo. Donc, les photos nouvelles sont plutôt rares vu que de nuit, j’en réussis assez peu. Et je vous épargnerai les images des vidéos que je visionne en ce moment pour mon boulot : j’ai passé mon samedi à décortiquer plan par plan l’exécution de cochons. Je fais une recherche sur une pratique alimentaire partagée en France et au Québec qu’on appelle ici « faire boucherie » et chez nous « tuer le cochon ». Je dois déterminer si on peut trouver des éléments rituels dans cette pratique. Bref, j’écoute de nombreuses archives et j’ai visionné deux films. Soit environ une heure d’images où l’on voit la préparation et surtout les techniques d’abattage. Même si les bestioles ont été mangées depuis bien des années (mes films datent des années 70) je dois avouer que passer sa journée à éplucher l’action, çà finit par lasser.

Pour me changer les idées, je suis passée à la gare. J’ai comme idée d’aller de Québec à Vancouver soit, quand même, 5071 km. Au cas où je l’aurais oublié, c’est grand, le Canada ! Je me disais que le train est le moyen de locomotion qui correspond le mieux à mon idée du voyage. Donc, je vais me renseigner au guichet. Pour la durée, c’est quatre nuits et trois jours. Pour le prix, c’est entre 620$ en version assise et 5000$ en version hôtelière. Entre les deux, il y a un billet à 1700$ qui ne comprend que la couchette… Hum ! Hum ! Et mis à part pour le billet à 620$ qui est un pass qui comprend 5 voyages, il faut prévoir le retour… Je ne suis pas sure de voir les plaines cette fois-ci ! Dubitative, je suis sortie de là…et je suis allée au marché du vieux port faire quelques emplettes.

En rentrant chez moi, j’ai fais une halte chez Erico, rue St Jean pour boire un excellent chocolat chaud. J’en essaye une variété à chaque fois. Et cet excellent chocolat est au même prix que l’abominable café qu’on trouve partout (je n’ai pas dit chez les torréfacteurs). Comme c’est bientôt noël (vous ne le saviez pas ? Vous vivez dans un autre monde, alors), il a fait une vitrine « hiver ». Tous les personnages sont en chocolat. L’autre vitrine est magnifique aussi, mais l’appareil photo ne lui rend pas hommage.

Je prépare mes repas de la semaine en général le dimanche. Et comme cela fait plusieurs dimanches qu’il fait gris, je n’ai pas à résister à l’appel du dehors.  Préparer mes repas à l’avance répond à plusieurs constats. Le premier, c’est que la nourriture est généralement trop salée pour moi et qu’on ne sait pas bien ce qu’on mange. Sans compter qu’à la fac, c’est un restau U. Pas si mal, dans mes prix, mais bouffe industrielle. Le second, c’est qu’avec mes petits moyens (je vis avec le minimum légal fixé par l’État fédéral pour avoir un permis de séjour soit 1000$ par mois, çà rigole pas), je peux me faire de bons repas pour pas cher. Je les emmène à l’université. Ici tout le monde promène son lunch-bag (en québécois dans le texte) et sa tasse pour le café.  De ce point de vue, je suis parfaitement intégrée !

Donc, aujourd’hui, j’ai fait ma tambouille. Recettes du jours : ragout de boulettes et biscuits frigidaire. Ah ! Ah ! vous vous demandez ce que c’est que tout çà ! pour le ragout de boulettes, votre imagination suffira sans doute : ce sont des boulettes mi-porc mi-bœuf confectionnées avec oignons, pain et épices qui cuisent dans un roux très liquide. Et les biscuits frigidaires ? C’est juste un truc sensé faciliter la tache à la confection des biscuits : on place la pâte à biscuits roulée en longueur dans le congèl’ pour qu’elle durcisse et soit plus facile à couper en tranches. Pour infos, les biscuits sont du genre sablé et c’est « beurre et sucre », en gros. Pas très « régime » donc, et j’ai divisé la quantité de beurre par deux !

Me voilà donc, dans ce dimanche après-midi, avec deux plaques de biscuits dans le four et le façonnage des boulettes qui doivent dorer à la poêle avant d’aller dans le ragout. Je ne maitrise pas encore bien les mesures impériales et le four. Petit rappel culturel, le Canada a opté pour le système métrique, mais toutes les unités que vous trouvez partout ce sont les livres, les onces, les pouces, les pieds, et les degrés Fahrenheit. Je ne suis pas encore très performante en conversion, et après coup, je me dis que les biscuits auraient peut être, du être plus épais….Bref, mes boulettes dorent dans la poêle frémissante, j’ai les mains dans la viande, et je commence à trouver que çà sent bon le gâteau. Que çà sent plus le gâteau que l’oignon, même. Et je vois s’échapper du four une légère fumée d’abord, et en ouvrant la porte du four, je prends une rafale de vent de biscuit brulé dans les lunettes. On ne dira jamais assez comme c’est handicapant de faire la cuisine avec des lunettes ! Sur ce, mon alarme incendie se déclenche et me vrille les oreilles. Dans un beau mouvement combiné, je sors mes  plaques de biscuits du four, essuie mes mains dans le premier truc que je trouve et me précipite pour éteindre l’alarme qui récalcitre, la bougresse ! Pas moyen de faire taire la chose ! Je m’attends à voir arriver les voisins catastrophés voire les pompiers…J’allume la hotte aspirante, j’ouvre les fenêtres, et enfin, la bête se tait. Enfin, elle a quelques blurps encore pendant plusieurs minutes. Ça y est. Le calme est revenu. Pas de pompier à l’horizon (peut-être dommage, en fait, s’ils sont jolis et gaillards comme chez nous), je peux contempler le désastre, tout en continuant à faire dorer mes boulettes. Je me suis fait piéger par les proportions de la recette du ragout : j’ai de quoi nourrir une équipe de football américain. Heureusement que çà se congèle !

Je fais le tri parmi les victimes du four. Il me restera quelques biscuits dont je gratte l’envers pour retirer le cramé. Bah, ils auront un petit gout de grillé !

Le ragout de boulette va bien, lui, merci. C’est pas mauvais, c’est des boulettes, quoi. Pour accompagner, j’ai fait une purée de carottes et rutabagas. Pas mal, çà. Je peux dormir tranquille : j’ai mes repas de la semaine. Heureusement que dans le congèl’ il y a aussi du riz aux légumes et autres recettes antérieures, parce que des boulettes à tous les repas, je suis pas sure que çà serait pas l’overdose !

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