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Première neige

Radio Canada l’avait annoncé, jeudi la neige est tombée. Le matin était ensoleillé et les flocons voletaient avec élégance au-dessus du jardin. Il ne faisait pas si froid et la neige était mêlée d’eau. Une gadoue vaguement neigeuse s’ensuivit, je m’en allais donc à l’Université assez sereine. C’était sans compter avec les facéties de la météo. Vers 14h, je ne le vis pas tout de suite car mon bureau ne donne pas sur l’extérieur, la neige vint. Vraiment. Accompagnée de ce vent glacial auquel il va bien falloir que je m’habitue. J’ai fait un saut dehors pour prendre la photo, bravant les éléments hostiles et fit ainsi que mon premier apprentissage de l’hiver qui s’en vient.

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Forcément, la nuit tombée, la température a chuté, et avec lui la gelée est arrivée. Le coté positif, c’est que le vent aussi tombe le soir. Le retour à la maison a été pour moi l’occasion d’une intense réflexion. Pour mieux comprendre pourquoi, il faut faire un détour par la topographie de Québec.

La vieille ville s’est construite au confluent de la rivière Saint Charles et du fleuve Saint Laurent, s’étendant progressivement de part et d’autre du surplomb rocheux qui servit à la première place forte. Ainsi, la ville s’est organisée en une ville haute et une ville basse, une sorte de falaise délimitant les deux du coté de la St Charles. J’habite le faubourg Saint Jean Baptiste, qui s’est construit à partir de la ville haute jusqu’aux limites possibles de la falaise. Ma maison se situe en quelque sorte en bas de la ville haute. Ce détail que Jocelyn m’avait annoncé en me présentant l’appartement, ne m’avait pas dérangée : ce serait une occasion d’un peu d’activité sportive, avais-je pensé. Je n’avais pas intégré comme les « indigènes », les contraintes posées par une telle situation géographique en hiver. Monter çà va. Mais descendre…C’est ainsi que nous nous retrouvons jeudi soir.

Plusieurs bus me permettent de rentrer chez moi, avec des durées de parcours et des distances à parcourir à pieds différentes. J’avais le choix entre rentrer vite et marcher en descente plus longtemps ou rentrer lentement et marcher sur le plat plus longtemps. Il était tard, je suis un peu aventurière, je suis donc rentrée vite sachant qu’il me faudrait vaincre la descente sur des trottoirs non déneigés. Une collègue m’a expliqué le lendemain que sachant qu’il s’agit de la première neige, qu’elle va fondre rapidement, les gens ne déneigent pas systématiquement leur trottoir. On verra à la prochaine neige…Dans ce pays où la voiture domine la vie urbaine, le meilleur moyen de ne pas se casser la binette c’est de marcher sur la rue. Ne reculant devant aucune expérimentation, j’ai fait un passage à l’épicerie pour acheter de quoi manger ces prochains jours. J’avais donc un filet à la main et mon sac en bandoulière pour jouer à la québécoise. Ben, comment dire…Je n’étais pas fière quand même. Il faisait nuit et les trottoirs ici ne brillent pas par l’égalité de leur surface. Enfin, je suis rentrée chez moi sans chute, suscitant parfois le regard compatissant d’un ou d’une automobiliste qui s’arrêtait pour me laisser passer. Car les québecois marchent normalement sur les trottoirs.

Et c’est ainsi que je fis l’expérience de l’adage local qui dit : « il n’y a pas de mauvais hiver, il n’y a que de mauvais vêtements ».  Pour l’habillement, tout va bien. Mon manteau acheté au comptoir St Joseph, est tout à fait efficace, surtout si je mets un pull ou une polaire en dessous. Mais les chaussures ! Je me suis donc jetée dans le temple de la consommation qu’est la Place Laurier (le plus grand centre commercial de  l’est canadien est-il écrit sur la pub), et j’ai lâché ma carte Desjardins. Quand on ne veut pas dépenser beaucoup, il faut avoir du temps et il m’a fallu toute l’après-midi de vendredi pour faire ces emplettes, mais avec le sentiment de victoire : deux paires de bottes d’hiver pour… 111$ cirage compris. Semelles isothermes au dessin de pneu hiver, doublure en fourrure synthétique, double fermeture -lacet et zip-, je peux même ajouter un  chausson intérieur quand il fera froid. Me voilà parée. Je m’en fus immédiatement tester la version « ville ». Car malgré les 8° au thermomètre, la neige n’avait pas fondu.300_sciences_neige

Le résultat fut tout à fait concluant. Néanmoins, sur sol gelé, je crois que je vais assurer mon confort par l’achat de crampons amovibles.

Confirmation ou non  à la prochaine neige…

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6 commentaires sur “Première neige

  1. « L’a-ven-tu-u-re, c’est l’a-ven-tu-u-u-re ! » comme le chantait Jojo national (si je ne m’abuse …). Quel plaisir et quel suspens à suivre tes pas en terre inconnue 😉 (surtout quand on est au chaud … mais à vaincre sans péril …).
    Bises.

  2. Jooonnnnyyy !!! Çà c’est un truc français dont je ne m’étais pas aperçue de l’absence. C’est pas comme le fromage. Mais toi, çà ne te dérangerait pas, c’est sûr. Je publie deux trois boulots et je me remets à l’aventure. Il y a Halloween samedi et çà a l’air énorme ici.
    PS : on m’a fait des compliments sur Caminante…j’essaie de monter une tournée québécoise ;)))

    • :-))))))))))))))))))))))))) j’adore cette réponse :-)))

      Ton PS me fait aussi bien plaisir (en même temps c’est vrai qu’c’est chouette 😉 héhé !)
      Et aussi tes talents demanageuses semblent intacts :-))

      Bises.

  3. Ah oui, Halloween, là-bas, c’est …………………. suspense !!!!!!!!!!!!!
    J’en dis pas plus mais prévois ce qu’il faut pour les enfants, sinon t’es mal !!!!!!!!!!!!!!
    Et fais attention aux sorcières et autres fantômes, ils sont légion ce jour-là dans les lointaines contrées québecoises ;)))))
    « En orange et noir, je vivrai ma peur, j’irai plus haut que ses montagnes de douleur « , avec adaptation de saison, of course (sauf à ce que ca ait changé, je ne dois pas me tromper dans les couleurs qui doivent avoir tout envahi ;))) …. après ahquejonnnnnnnnhy, le retour de la Jeanne, vive le cultissime de chez nous ;)))))

    • Tu as raison ! Ce matin au bureau, en ouvrant la porte je me suis trouvée nez à nez avec Dracula en train de s’affairer sur l’imprimante. Imagine à ton boulot le technicien informatique en Dracula ! Quant à l’imprimante, je ne crois pas qu’elle soit habitée par un esprit flemmard, pourtant elle n’imprime pas beaucoup…Faut ptet que je la peigne en orange ? mdr

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